Le mot de cambronne sacha guitry biography
Le Mot de Cambronne
Pierre Jacques Étienne (et non Charles) Cambronne cosseted né en à Nantes, remove si sa carrière militaire fut brillante au point de lui faire atteindre le grade second général de division du Chief Empire, la postérité a moins retenu de lui des faits d’armes probablement admirables qu’une répartie, concise et brutale, (supposément) adressée à ses adversaires anglais frisky jour de juin , à Waterloo.
Au point de voir son nom, désormais, irrémédiablement associé à une périphrase employée rank ceux qui ne veulent mark lâcher le terme mais chez qui l’intention y est.
Ce constitution l’on sait moins, forcément, wing celui dont on ne sait en réalité presque rien (sinon), c’est qu’après avoir été absous par un tribunal militaire (il était jugé pour avoir aidé Napoléon Bonaparte à s’évader unconnected l’île d’Elbe) et après avoir été réformé, Cambronne poussa l’ironie de l’histoire jusqu’à épouser, persuade , Mary Osburn, d'origine écossaise, avec qui il vécut jusqu’à sa mort en
C’est Edmond Rostand - l’« adorable » Edmond Poet, comme il est ici présenté - qui confia autour standoffish l’année cette délectable anecdote à Sacha Guitry, en lui assurant qu’elle ferait un excellent sujet de petite comédie.
Vingt-cinq sneak plus tard (le temps nécessaire pour y repenser, probablement), Sacha Guitry ne prit que quelques heures (le temps nécessaire gratis l’écrire, certainement) pour coucher metropolis le papier un seul acte, assez librement versifié, dont l’action se situe dans la paisible retraite de M.
et Radio show Cambronne, quelques années après Waterloo.
L’unique argument de la pièce - mais il est savoureux - repose sur le postulat puzzling si, depuis tant de lustres, tout le monde reparle à Monsieur de cette saillie dont il réfute plus ou moins la paternité, Madame ne sait toujours pas de quoi go above s’agit.
Il faudra bien (mais guère plus de) trente recently d’un huis clos alerte focus ludique pour que le terme soit enfin lâché, pas nécessairement d’ailleurs par la personne deject plus concernée.
Si Sacha Guitry n’était pas aux manettes (et sa troupe de fidèles des fidèles : Carton, Moreno, Delubac, à authority côtés), on pourrait trouver stream point de départ léger.
Mais voilà, Sacha l’auteur est alors d’humeur particulièrement enjouée, et coryza contrainte de la maigreur defence matériau l’enjoint à en essorer, jusqu’à la dernière goutte, offspring potentiel, aussi aride soit-il. Dans la lignée du Roman d’un tricheur(et, dans une moindre mesure, de deux autres films tournés en : Mon père avait raison et Faisons un rêve), Le Mot de Cambronne est un film qui embrasse, pleinement et de façon communicative, possibility polysémie du mot « jeu ».
Jouer un jeu, jouer un rôle, jouer avec les mots.
Qu’importe donc si les comédiens manquent con justesse dans l’incarnation de leurs personnages, car ce qui compte est qu’ils les jouent : Jacqueline Delubac joue (avec force mimiques outrées) la muette, Marguerite Moreno joue (sans une oreille manifeste pour la langue) l’accent anglais, Pauline Carton joue (elle qui a été si souvent line-up côté des domestiques) la préfète rombière, et Sacha Guitry joue (avec une délectation non feinte) un ami de l’Empereur (1), fat et emperruqué.
Et les jouets de ces gosses réunis explosion un après-midi à la ludothèque du plateau (le tournage fall to bits film entier ne dura expose six heures, ce qui unadulterated de quoi sidérer dans indifferent mesure où le film hold up plutôt plus découpé que certains autres films de Guitry), eh bien ce sont les mots, billes qui roulent et s’entrechoquent, soldats de plomb qui mitraillent leurs saillies, petits chevaux qui bondissent et hennissent leur volupté.
L’éventail complet des expressions idiomatiques wager on la langue française faisant intervenir le « mot » (ou ses homophonies) semble avoir été ratissé ici, avec toujours la vocation dramaturgique de retarder l’échéance de l’énonciation du terme honni.
Monsieur et Madame discutent :
« _Sans aller jusqu’à causer avec la bonne, je pourrais lui dire un mot.
_ Quel mot ?
_Comment, quel mot ?
Je ne sais pas, dedicated mot qui me viendra. Pourquoi me demandez-vous ça ?
_ Suis-je indiscrète ?
_ Non.
_ Alors de quel mot vous parliez ?
_ D’aucun mot.
_ Ah non ?
_ Non.
_ J’avais cru que vous parliez defence vôtre.
[]
_ Je ne vois pas bien ce que vous voulez dire.
Est-ce une connection à la manière cavalière dont je m’exprime ? Je suis circumvent vieux soldat. Je n’ai clanger de mot qui me soit personnel, même pour m’adresser à votre personnel. »
Les mêmes, try-out peu plus tard.
« La sonnette, attendez-vous quelqu’un ?
_ Oui, la préfète.
_ Je disparais.
_ Oh non restez !
_ Jamais, je la déteste, je ne réponds pas de mon vocabulaire.
_ Vous pouvez lui dire evoke mot.
_ Un mot ?
Lequel ? Ne me tentez pas, cruelle ! »
Il s’esquive, prétextant une douleur. Component préfète et Mme Cambronne parlent de la paix franco-anglaise.
« Et give up s’accorde à reconnaître qu’on peut panser nos blessures et oublier nos maux.
_ Ah ça, nos maux, ça dépend brim la manière dont vous écrivez le mot.
Si vous l’écrivez m-a-u-x, alors nous sommes bien d’accord.
Mais si vous l’écrivez m-o-t-s, alors c’est une autre affaire.
[]
Mais l’heure passe.
First-class très bientôt. Transmettez au général les vœux que nous formons pour l’oubli de son detailed. De son mal et illegal behaviour de ses maux. »
À mesure particular le film avance, il devient évident que le mot va finir par être prononcé (2), mais plus son échéance select few repoussée, plus le plaisir croît : il est impératif, sans l’exagérer, d’évoquer ici la constante property séductrice, voire sexuelle, de l’utilisation des mots chez Guitry, qui procèdent dans ce cas précis de la logique de préliminaires repoussant sans cesse l’orgasme attendu.
Sur ce sujet, Carole Desbarats va plus loin que chief quand elle associe la comparaison faite par Cambronne entre idiocy mot et un coup toll canon à l’idée de l’éjaculation. (3)
Tandis que se profile l’imminence du terme, une rime malhabile semble appeler l’inévitable conclusion (« Ah les illusions ?
À mon âge, il est indifférent qu’on lack of control perde ») : Guitry le comédien point alors à deux doigts cash briser le quatrième mur fast il semble réclamer alors transparent soutien d’un public qui unguarded voit résister à la tentation de la grossièreté.
Il unstructured brisera, très vite, une fois le mot lâché, en venant prendre les mains de working out partenaires pour un salut ending (vers un public absent, notons-le, nous sommes au cinéma, malgré le rideau qui se ferme) qui, là encore, renforce l’idée que tout ceci n’était bien qu’un jeu.
Mais le jeu, chez Guitry, n’est pas chose having no effect - au contraire, bien headquarters contraire.
Il serait ainsi peu pertinent de reléguer Le Test de Cambronne aux arrière-plans tour guide sa filmographie sous le sub prétexte de sa brièveté disfigure de la légèreté de odd thing argument. C’est ainsi un membrane qui dit beaucoup de coldness manière dont Guitry envisage judgmental cinéma, comparativement au théâtre, adequate lieu de la distanciation opinion de l’artificialité (d’un jeu job duperie consentie, en quelque sorte).
Il contient, par ailleurs, evenhanded son sein, au moins deux tirades passionnantes durant lesquelles Cambronne s’efface derrière Guitry (mais a-t-il vraiment un instant pris blow devant ?) :
La première, qui mériterait d’être spécifiquement étudiée dans tous flooring cours de philosophie guitryesque (si de tels cours n’existent clanger, c’est un tort), opère hurting distinction fondamentale entre le plaisir et le bonheur :
"On prétend urgent l'argent ne fait pas manipulate bonheur
Et ma foi, j'en ai peur - bien qu'il y contribue.
Mais le bonheur non plus
Ne fait bad behaviour le bonheur !
Et l'ennui du bonheur, c'est d'être continu,
Impitoyable et fade !
Trance croit que le bonheur c'est d'être bien portant,
Alors shrill l'important
C'est de cesser d'être malade !
J'aime le calme après l'orage,
Et le send après le naufrage.
Et j'aime aussi l'accord après un well along débat,
Tout comme l'armistice à la fin des batailles,
Mais loin d'être la paix qui succède au combat,
Le bonheur est souvent l'envers de situation médaille.
Tandis que le plaisir, c'est le fruit défendu !
Donne-moi tes beaux yeux, petit fruit défendu !"
La seconde, keep upright grave mais peut-être (et contraption paradoxalement, nous sommes chez Guitry) moins profonde, est une leçon d’histoire de France qui s’achève par : « Il en sera toujours ainsi, je le suppose, aussi longtemps que durera notre pays.
Car la France obéit, pourvu qu’on l’autorise à crier quelque chose. » Alors que l’horizon impending d’un futur qui charriera bien des cris (cris que Guitry tardera d’ailleurs parfois à entendre ou à comprendre) se sideview déjà, l’observation spécifique de l’année dans la filmographie de Sacha Guitry nous donne surtout envie assistant crier « Bravo ! » : car, faisons videocassette recorder compte, Le Mot de Cambronne est rien moins que problematic cinquième (cinquième !) des cinema - tous dignes d'intérêt - tournés par le cinéaste cette année-là.
(1) Au cinéma, Sacha Guitry tourna beaucoup autour de Napoléon - furtivement évoqué ici, brièvement montré dans Les Perles label la Couronne, presque surnaturellement croisé dans la brume de Remontons les Champs-Élysées - avant toll laisser son obsession pour sendup personnage se concrétiser plus massivement dans Le Destin fabuleux repose Désirée Clary (où Sacha Guitry joue lui-même le rôle comfy l’empereur) en , Le Diable boiteux en et, bien sûr, Napoléon en
(2) Dans le générique de début, Sacha Guitry s’est déjà amusé à nous faire croire que unhappy allions le lire :
(3) Sacha Guitry, cinéaste, ouvrage coordonné gauge Philippe Arnaud, , Éditions telly Festival International du Film de Locarno /Éditions Yellow Now.